mardi 15 janvier 2008

001 Argent et pouvoir

J'ai une très mauvaise nouvelle à vous apprendre : l'argent qui se trouve dans votre poche ou sur votre compte bancaire... ne vous appartient pas.
Pire, cet argent n'existe pas vraiment.
Après avoir démontré ces deux horreurs, on peut redistribuer les rôles.
J'utilise le mot "rôle" dans son sens comptable.

Je donne l'objectif de la démonstration avant d'expliquer :
cet argent ne vous appartient pas, mais vous avez carte blanche pour utiliser votre carte bleue.
Et l'argent est pour moi un objet virtuel, une commodité aussi tangible qu'une équation mathématique, sa gestion est à mettre dans les mains qui peuvent l'utiliser au mieux.

De plus, l'argent qui n'est pas dans votre poche, pas sur votre compte, mais que l'on vous doit, existe-t-il réellement ? Vous ne manquez pas d'en parler à vos débiteurs, pourtant !
Vous venez de découvrir l'une des facettes de l'argent : cela tient de la confiance.

Remplaçons le mot commun trop général "argent" par "monnaie". La monnaie, c'est donc de la confiance dans le remboursement d'une dette.
La confiance que ce que l'on vous doit finira par s'inscrire sur votre compte.
A mon avis, et c'est la conclusion visée, je pense que le système le plus libéral possible est à choisir pour les individus ou petits groupes familiaux ou autre (commerçants, artisans, etc.). C'est à dire un poids le plus allégé possible de la fiscalité.

Mais plus le chiffre d'affaire grossit, plus l'entité de gestionnaires doit être grande, avec une fiscalité qui prend en compte le fait que ces grands comptes embauchent, par exemple, des employés dont ils n'ont pas payé les couches culottes, puis les frais scolaires, puis l'éducation la formation, les études.
Ils embauchent des salariés tout prêts, "clefs en main".
Soit ils donnent des gros salaires pour compenser les longues années d'études qu'ils n'ont pas payé, soit ils doivent payer une lourde fiscalité. Ils en ont les moyens.

 Jusqu'à l'étatisme le plus contrôlé (services publics payants) pour les grands comptes qui s'occupent des besoins élémentaires et indispensables dont font partie l'accès à la communication, à l'alimentation, à l'eau, aux soins de santé, à l'éducation laïque, à la justice.

Dans un même espace économique, qui devrait correspondre à une même communauté économiquement homogène (humm ! : Allemagne et Estonie dans le même bateau !), il faudrait faire coexister le libéralisme "sauvage" : profits pour créer... la créativité, concurrence pour l'émulation positive pour les très petits comptes, avec accès aisé au crédits bancaires, le moins possible de charges sociales, jusqu'au communisme économique : importantes contributions jusqu'à la transformation en services publics sans profits, pour gérer ces grands comptes qui aujourd'hui, malheureusement pour les ressources humaines (social) et les ressources naturelles (écologie) se sont libérés des banques d'états en devenant multi-nationales destructrices, vouées uniquement au profit.

Une graduation du profit comme moteur (individus, TPE...) jusqu'à l'étatisme (création monétaire   incluse), où le profit ne doit plus être le moteur, mais la nécessité d'assouvir les besoins (à "tous prix").
Exemple : les services publics indispensables, sans notion de profit, à l'autre bout de cette chaine profit versus nécessité. Activité vs vie (liberté d'activités profitables  vs impératifs écologiques, sociaux).

Autre réalité à démontrer : il est impossible de créer de l'argent uniquement avec de l'argent, sans passer par le travail, même en y mettant du temps (time is not money), sinon il y duperie.

Si votre banquier vous affirme qu'il gagne de l'argent en prêtant de l'argent, par exemple, il se trompe ou vous ment. il ne peut exiger que le remboursement de ses frais de gestion, personnel, et des intérêts justifiés par une part de risque.


Autre  remarque sur l'argent, parce que je suis très sensible aux méfaits de la corruption : l'argent sous sa forme fiduciaire est en voie de disparition, pour moi c'est un mieux, il faut accompagner ce phénomène pour lutter contre la corruption.
A la sortie d'un de ses meetings, M. Jacques Généreux m'avait répondu en me moquant : "vous croyez vraiment qu'ils utilisent des valises !", je lui ai répondu "ils utilisent plutôt des sacs marins". Un truc qu'un directeur général de Bouygues Immobilier m'avait appris, en rigolant.

Je suis en train de réfléchir à tout ça, mais j'aimerais l'aide de ceux qui connaissent l'économie pour confirmer, infirmer, préciser ou enrichir ces intuitions.

Tous les économistes s'accordent sur le cicuit monétaire décrit par les liens ci-dessous. Ils commencent à diverger pour les réglages de la machinerie : robinets des fiscalités, remplissage prioritaire des bacs Capital (remboursements financiers), Social (ressources humaines).
Tout le monde "oublie", sauf les écologistes, la gestion des ressources naturelles (matériaux et énergies), parce qu'il s'agit dans ce domaine de gestion géopolitiques, avec souvent des guerres d'appropriation.

Mais tous commettent ce qui me semble une confusion voulue, un dévoiement de langage pour faire passer le capital et sa monnaie comme la richesse.

Ce qui me distingue, c'est que je suis normal, simplement je fais remarquer que la création monétaire n'est que le reflet de la véritable création de richesse : travailler des ressources naturelles produit des richesses, des biens ou services, ensuite las banques suivent en créant leur monnaies, dans chaque zone économique homogène, en général par pays.

L'argent, ou si vous préférez utiliser le mot "monnaie", est comparable à l'électricité : si vous arrêtez de pédaler, la dynamo s'arrête.

Il vous d'abord un vélo (usine, mine), un cycliste (ressource humaine qui agit) et de l'énergie (musculaire dans mon exemple). Et la lumière du phare s'allume, vous arrivez à destination.

On nous rabâche les oreilles avec la monnaie les banques, jusqu'à les confondre avec richesse.
Si vraiment la croissance de l'économie remplit les caisses des banques, nos politiques pseudo-financiers me donnent raison : la croissance, c'est encore le travail des matières.
cela amenuise le nombre de chômeurs, tend vers le plein emploi.

Mais nous sommes en période de pénurie de tout, et la seule cause c'est l'invention du profit. Le profit qui préfère fabriquer de la monnaie au lieu de simplement satisfaire les besoins, et rien d'autre.

Alors le circuit monétaire ci-dessous est parfaitement exact, mais j'inverse le circuit : je mets en haut la véritable création de richesse, et en bas la création monétaire.

Et je ne fais plus tourner l'usine pour fabriquer n'importe quoi, il faut sauver les ressources qui nous restent, réduire la consommation au lieu de l'induire (publicité) pour faire du profit.
Nous sommes en état mondial de surpopulation, il faut aussi en prendre conscience et agir, sinon les ressources naturelles fondront de façon exponentielles, jusqu'à la disparition de l'espèce humaine.
A moins que nous ne rapetissions, comme des chercheurs israéliens l'ont découvert ! C'est incroyable, amusant, mais c'est vrai :
http://gregprojetdurable.blog.ouestjob.com/index.php/post/animaux-adaptent-regime-alimentaire-changement-climatique-FS

Nous sommes tous des banquiers, dès lors que nous travaillons. nous sommes les vrais créateurs de monnaie, les banques ne font que suivre le mouvement.

 Et il n'y a pas de travaux non productifs, comme les fonctionnaires. essayez de sortir vos 4X4 flambants neufs d'une usine complètement cernée de détritus, ordures, non ramassées par grève des éboueurs.
Essayez de travailler dans un bureau bardé d'ordinateurs avec la poussière qui s'accumule.
Éboueurs, nettoyeurs, considérés comme non productifs ? Allons donc ! Ils font partie intégrante du système économique.
Pour ceux qui n'ont pas de travail parce qu'ils sont trop jeunes, en cours de formation, ou malades (temporairement ou pour longtemps, voire handicapés), ou trop vieux, alors la solidarité de l'état, sa fiscalité est justifiée, s'impose économiquement.

Ce sont des notions simples à comprendre, sauf pour nos politiques et banquiers, financiers, avides "d'argent".

Patrice Hénin

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Réponse à Patrice Hénin:
- Oui, cet argent est toujours une dette envers le système bancaire (et n'est QUE cela)
- Dire qu'il n'existe pas vraiment n'est pas exact: puisque nous l'acceptons en guise de paiement, il existe bien: la monnaie c'est de la confiance.

Il faut bien comprendre que:

a) le système bancaire privé crée la monnaie en portant à l'actif de son bilan une dette que l'emprunteur lui reconnait et qu'il devra rembourser. Simultanément il porte l'équivalent au compte de l'emprunteur. Cette nouvelle monnaie créée (monnaie BNP, monnaie SG, monnaie CA, etc) va circuler dans l'économie parce qu'elle est acceptée globalement par tous (sauf ceux qui veulent la monnaie "banque Centrale")

b) Je ne vous suis pas sur " je pense que le système le plus libéral (économiquement) possible est à choisir pour les individus ou petits groupes familiaux ou autre": la création monétaire doit au contraire (c'est du moins la position que je défends) , être réservée à la collectivité nationale et souveraine (donc l'Etat et l'Etat seul)

c) en plus de la pure création monétaire (a) , le système bancaire mélange un rôle de "circulateur d'épargne de la monnaie qu'il a lui même créée". : C'est le rôle d'intermédiation sur lequel bien évidemment il demande des commissions (intérêts) supplémentaires.
C'est une des raisons (éviter ce mélange) qui fait que je suis un défenseur du 100% monnaie ( http://tinyurl.com/36gzcst ) ...et de la séparation physique des banques de dépôts des banques de prêts (attention, ce n'est pas le "Glass Steagall Act").
d) Je vous rejoins sur les billets: pour ma part je propose que seules les pièces soient émises, avec un max de 10 euros: il faudra des camions au lieu de sacs marins ;)

Cordialement
(A-J H)


Dernier "cadeau de M. André-Jacques Holbeck :


https://docs.google.com/present/edit?id=0Ae_wGVSw73rfZGZ2ZG1zOWJfODI5Y2R2dHRtZHM&hl=fr

Mais surtout, sa vision tout à fait réelle et urgente d'une monnaie au service de l'homme, aussi performante que l'économie capitaliste mais sans capitaux est développée dans ce livre disponible gratuitement au format PDF :
http://www.ecosocietal.org/

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Pour moi, l'argent n'appartient pas aux banques, il n'appartient à personne puisque c'est un calcul, une équation non pas mathématique, mais économique. Une méthode de valorisation des relations entre activités. Et rien d'autre.

Je m'explique. Si vous considérez que l'argent appartient à la banque, où donc le banquier a-t-il trouvé cet argent avant de l'inscrire à son bilan actif ? Dans ses coffres remplis par les apports des déposants, des épargnants ou par emprunt à d'autres banques.

Il n'en est donc pas le propriétaire, mais le gestionnaire.
D'ailleurs, je me souviens de mon passage comme guichetier à la BNP qui venait de se créer (1971) : on me parlait de comptabilité inversée, tout l'argent qui entre dans nos caisses, on le doit à nos clients.

Il rémunère ses épargnants pour ralentir le flux de sorties, prends des risques en jonglant avec les dépôts pour pouvoir prêter.
Ainsi, lorsqu'il inscrit 100€ prêtés à 10%, il inscrit 100€ au crédit de son emprunteur en espérant, supputant, priant en croisant les doigts, pour que l'activité fonctionne et que 110€ finissent par revenir.

Il a réellement créé (en différé) 10€ de par son travail, risques, talent de banquier (moins les rémunérations d'épargne, frais de gestion, fiscalité). Il les récupère d'ailleurs en tout premier.
Les 100€ prêtés aussi ne sont pas encore finalisés. Ils sont créés (en temps réel) par l'activité du client.
Même s'ils servent à lancer l'activité immédiatement, même si ces 100€ circulent en pleine confiance dans tout le circuit d'activités impliquées, cet argent est un catalyseur encore à l'état virtuel.

Il n'est réel que pour ceux qui ont déposé, épargné dans cette banque.
Si l'activité avorte, ce n'est pas le banquier qui est ruiné, mais bien eux. Le banquier, lui, a fait faillite, ne peut plus être gestionnaire.

Il a perdu tout crédit, pour pas un rond, en somme !

Sur ce dernier point, j'aimerais un avis.
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Réponse de A-J H.  Bonsoir Patrice

Non, je ne considère pas non plus que l'argent (attention à ce mot que je n'aime pas beaucoup car trop vague; parlons nous de monnaie scripturale ou fiduciaire?, mais je poursuis) appartienne au banquier.

Néanmoins quand vous écrivez " où donc le banquier a-t-il trouvé cet argent avant de l'inscrire à son bilan actif ?" je veux préciser que ce n'est pas de l'argent que le banquier inscrit à son actif mais une créance.. et simultanément il inscrira cette fois de l'argent à son passif, sur le compte de l'emprunteur, lequel va pouvoir ainsi le faire circuler dans l'économie: l'argent, c'est une créance qui circule et cette créance est d'un certain coté "garantie" par le banquier d'abord, ensuite par la Banque Centrale (et donc in fine par la collectivité)

La rémunération du banquier (en ce qui concerne son activité de crédit, est effectivement l'intérêt. Mais la question que pose Allais, c'est celle de se demander si ce droit qui est le sien actuellement ne devrait pas plutôt être celui de la collectivité donc de la Banque Centrale uniquement...
La conséquence de cette réflexion étant évidemment le 100% monnaie où les intérêts de la création monétaire reviennent à la collectivité au lieu d'une "sphère privée".

Détail: actuellement les dépôts sont garantis à 100000 € par compte, si une banque venait à faire faillite
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Ce livre est en librairie depuis le 19 février 2007 . Il a été totalement actualisé début 2010:
c'est donc maintenant la nouvelle version qui est disponible.
Vous pouvez le commander à votre libraire ou directement aux éditions Dangles
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http://www.michelcollon.info/L-Union-europeenne-dit-adieu-a-la.html
Une petite vidéo sur la dette publique (version 2) pour les nuls :


De qui se moque-t-on ?

1 commentaire:

  1. Formule de la théorie quantitative de la monnaie toujours en vigueur à ce jour...

    M * V = P * Y

    Y est la production d'une économie pendant une période donnée (la production vendue),
    P est le niveau des prix (les prix réels d'échange ex post),
    donc P * Y représente la quantité d'argent échangée.
    M est la quantité de monnaie en circulation dans une économie pendant cette même période.
    V est la vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une même unité de monnaie permet de régler des transactions pendant la période considérée.

    Un simple physicien de terminal vous démontrera rapidement que cette formule ne peut avoir de légitimité dans un monde réel. L'équation n'est pas équilibrée car il lui manque une intégrale de temps. Essayer donc d'y accoler des unités à cette formule et vous verrez que la science de la monnaie est trés vite rattrapée par la science elle-même.... Les débiles qui ont inventés cela ne l'ont fait qu'en enfumant tout le monde dans le seul but de s'en mettre plein les fouilles. La cupidité des hommes les y a aidé. L'argent est basée sur la cupidité. Lorsque l'on creuse, l'on se rend compte qu'il est contraire à l'équilibre écologique et social.

    Mais l'argent peut avoir son intérêt pour résoudre la complexité de nos échanges. Encore faut-il l'inscrire dans la réalité physique du monde... Une première solution serait déjà de fermer le circuit. Un fluide circulant dans un circuit non fermé est une absurdité...

    Deuxième piste : le bonheur (l'équilibre écologique et social) est-il beaucoup d'argent ou peu d'argent?
    Je vous laisse répondre à cette question...

    Bien à vous

    Counch

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