vendredi 7 décembre 2012

Familles en guerre


Familles en guerre

je n'ai rien fait d'autre que passer mon brevet de para pré-militaire en juillet 1967. L'armée étant ce qu'elle est, lorsque j'ai passé mes "3 jours" (en fait 1 jour 1/2) à Vincennes, un médecin m'a dit :
- je peux déjà vous dire que vous n'irez pas chez les paras. Vous avez une scoliose, la colonne vertébrale tordue !
- j'ai fait les 4 sauts, j'ai déjà mon brevet prémilitaire
- euh... ben, ce n'est pas possible. Votre père le capitaine Hénin est au recrutement, il a déjà prévu de vous envoyer à Berlin-Ouest.

Où j'ai fait 3 mois de classes dans l'infanterie (46ème RI) puis le reste dans la compagnie du train. 692C, le 1er contingent qui a fait pile un an de service (69-70).
J'ai compris à Berlin-Ouest que je n'aimais pas l'armée. Il m'aurait fallu une très bonne raison, comme mon père, pour y être : la nécessité de combattre pour une cause.

On m'a dit "... TA vie... " lorsque j'ai raconté des bribes de la carrière de mon papa.
Ce n'est pas ma vie, cela me fait penser à ma mère, aux autres épouses, familles de militaires, je pense aux OPEX d'Afghanistan, Licorne, la FINUL du Liban, ceux qui ont été au Kosovo : elles font la guerre, on l'oublie complètement. Elles en font partie, des régiments.

En Algérie, c'est vrai, mon père, à Tebessa, partait en opération à 4h du matin. La journée s'écoulait. Un jour, le môme de 7-8 ans que j'étais a dit naturellement, sans réaliser, à ma mère, trop nerveuse :
- mais maman, papa, il rentre tous les soirs !

Un soir, un para complètement bourré arrive à la casba que l'on occupait chez un harki :
- ça a été dur, ..jourd'hui, vous-vous voy-vous-ez l'trou dans l'chpeau d'brousse... m'ont raté, c'est nous qu'on les a buté...
- où est mon mari !!!
Il n'osait pas répondre que mon père se torchait au messe, incapable de comprendre, trop bourré, qu'il devait lui dire absolument qu'il allait venir.
Ma mère s'est mise à hurler, en croyant que lui n'osait pas lui dire la cruelle nouvelle qu'elle s'imaginait.... tous les jours.

Ils appelaient ça "le dégagement", la virée au mess au retour d'opération. Ce jour là, mon père m'a raconté qu'ils avaient été pris en embuscade, ça tirait de partout, ils ont réussi à en tuer plusieurs avant qu'ils ne disparaissent derrière la frontière tunisienne, comme d'habitude.
Ils étaient tous rentré, d'où le super "dégagement" au mess.

Alors je ne sais pas ce qu'est le feu au combat, mais j'en connais les "dommages collatéraux" dans les familles.
On n'avait pas inventé les cellules psychologiques de crise, on avait, nous aussi, les familles, de la trempe.

Je n'ai pas supporté cette vidéo de ce cher chef suprême des Armée, à Kaboul en août 2008, qui s'est cru drôle en faisant une plaisanterie devant des hommes qui viennent de perdre 10 des leurs d'un coup.

La vidéo, cette hallucinante plaisanterie :
http://www.youtube.com/watch?v=Sija6yr4Oss

Si j'avais commandé une compagnie lors du discours de cet ignoble chef suprême, au moins je leur aurais fait quiter le garde à vous et retourné au casernement, sans attendre la fin du discours.
Peut-être que je n'aurais pu m'empêcher de buter ce chef suprême, j'aurais dis ensuite :
- si c'était à refaire, je le referais

Je l'aurais fait au nom des 10 familles, des "camarades de combat", qui non seulement ont perdus les leurs, mais en plus doivent supporter que les politiques créent les guerres ET en plaisantent !
Au nom de l'honneur, peu aurait importé mon sort personnel. Le sang souillé par la salive d'un petit fils de collabo hongrois qui se croit fin d'esprit, je n'aurais peut-être vu que ça à faire pour laver tout ça.

Mon père a vu et accepté que l'Empire était perdu.
Il n'a pas accepté de rejoindre l'OAS, fidèle à de Gaulle pour la vie.

Heureusement, il est mort avant de savoir ce qu'est devenue la France, son armée en pleine dissolution, des militaires à qui on refusent leur soldes, par bug interposé :
http://www.polemia.com/article.php?id=5203

On veut délibérément détruire les nations, l'émanation la plus noble en sont les forces armées, gendarmerie incluse. Alors on dissout, pas par manque d'argent, dans la 5ème puissance au monde. 7 200 militaires en moins encore pour 2013.

Alors je me suis lancé en anti-politique, en refusant de créer encore un parti, ils sont tous pourris, pour combattre la corruption, la disparition de ce monde pour qui mon père et ses camarades, avant et après lui, aujourd'hui encore, cherchent à préserver.

Mon parti, c'est l'ensemble des français, des français de toutes les souches, maghrébines ou sénégalaises, corses, bretonnes... tous ceux qui aiment la France.
Aux africains francophones, si j'étais en situation de chef de l'état, je leur demanderais de rester chez eux, mais avec notre aide réelle, sans pillage cette fois. C'est complet ici.
Mais ils font partie des nôtres.

J'au une amie dont le père n'a pas voulu être enterré en Algérie, aux côtés de sa femme. Il a été enterré en France, suivant sa volonté, pays pour lequel il avait combattu. Cela prouve bien que la fraternité d'armes est bien au-dessus de tout. Que si les frontières de l'empire français sont effacées, son esprit vit encore.

Mais les chinois, indiens, pakistanais, brésiliens, roumains, bulgares, etc., que je vois s'installer dans mon quartier à Paris, je les aime bien, mais je les vois mal décider de mourir pour mon pays envahi sans chars mais par charter.
Je les voient mal faire partie des 1 800 chômeurs de plus par jour, une queue de français de souches francophones (j'insiste).

On n'efface pas 2 000 ans d'histoire de France, des millions qui sont morts pour elle, sans réagir, d'un coup de traité de Lisbonne, pour enrichir des banquiers multinationaux qui, comme disait Napoléon :
"l'argent n'a pas de patrie ; les financiers n'ont pas de patriotisme et n'ont pas de décence (la vidéo !). Leur unique objectif est l'appât du gain"

Pour finir, personnellement, une souffrance a été infligée à ma mère et moi : un piège vicelard, incroyable, pour ne pas lui verser la pension d'invalide de guerre
qu'il n'a pas touché de son vivant.

Il m'avait dit une fois "quant j'ai sauté et été blessé à Dien Bien Phu, je ne calculais pas au % de risque, comme le tribunal des pensions !"

Il n'a pas connu l'impensable, heureusement, ce que la France "sans argent" pouvait faire à sa petite qui a fait 2 ans de guerre d'Indochine dans sa poche, c'est pour cela que la photo est si abîmée :



Elle a donc fait la guerre d'Indochine. Sans elle, il aurait peut-être perdu courage, au mauvais moment. Mais avec elle dans la poche...
J'écrivais plus haut que les familles font la guerre.

C'est bien toute la famille qui fait la guerre, cette guerre est faite par ces familles pour la plus grande famille, celles de toutes familles, la nation.
Toutes les guerres dans le monde se sont faites en ce nom, dans toutes les nations constituées.

Même dans celle qui est occupée depuis l'Antiquité : le Kurdistan, avec sa langue, sa culture, sa propre version de l'Islam, découpée en 4 pays (Turquie, Syrie, Iran et Irack).

Utiliser l'octroi final de cette pension de guerre, pour essayer de la mettre sous curatelle, faire main basse sur l'héritage amassé par ces parents frustres, non dépensiers, c'est la plus grande plaisanterie honteuse commise par ces politiciens pourris, généraux inclus, envers ce lorrain et ses camarades de combat.

Après tout ce qu'il a fait pas uniquement par devoir, puisqu'il me disait "le devoir, un grand mot, c'est simplement faire ce que l'on doit absolument faire, sans avoir besoin que l'on vous explique pourquoi".

J'ai essayé d'obtenir un rendez-vous avec l'amiral Edouard Guillaud, bd Saint-Germain. Peine perdue.
Le Cdt Charles Vigilant (nom réel) a marmonné que "ma cause" ne concernait pas l'état-major.
Je lui ai dit "de quelle cause personnelle parlez-vous ? On dirait que l'on vous a fait un speech. Je ne viens pas défendre une cause personnelle, mais donner des informations dont seul un chef d'état-major de la valeur de celui que nous avons peut apprécier l'intérêt. Moi, j'ai vu, observé, réfléchi, c'est l'info et mes alertes, mes solutions qui doivent arriver dans son bureau".

Ce sont donc aux militaires d'en bas de rejoindre mon combat.

http://patricehenin.blogspot.fr/2010/05/jai-une-question-pour-me-louis-bore.html

Alors, même s'ils n'ont pas d'uniformes, même s'ils sont à la tête de mon pays, même si ce sont maintenant des étrangers qui décident de nos candidats présidentiels (le complot DSK, je pense), je reprends le combat.

Les ennemis qui détruisent l'âme de mon pays viennent de partout, ce ne sont pas des Mohamed Merah, ce sont les excédents de population dont se débarrassent les nouvelles puissances dites émergentes qui nous submergent en les envoyant en Europe, comme esclaves en leur donnant de la miroiterie.
En achetant nos dirigeants. Le Parti "Communiste" chinois est corrompu par les milliardaires locaux.

Le discours d'adieu du président est clair : "la corruption dans notre pays peut détruire la Chine". Textuellement.

La France est éternelle, il reste des combattants. J'ai 9 600 "suiveurs" dans mes contacts.
Nos enfants seront de nouveau fiers de leur pays, mais il faut se battre d'une façon totalement inédite et redevenir la France qui montrent le chemin aux autres nations.
Cette fois, l'enjeu concerne l'humanité entière, chaque jour qui passe le cancer de l'argent progresse et ronge, tue.

Voilà le résultat scientifique, bien loin du monde politique ou financier :

http://patricehenin.blogspot.fr/2012/09/lorchestre-du-titanic.html

J'ai racé quelques éléments de la révolte de mon père pendnat l'occupation, dans le forum Militaires d'hier, d'aujourd'hui et de demain :
http://militaires-d-hier.forumgratuit.org/t3515-quelques-photos-retrouvees-faiford-juin-44-puis-parachutage-saint-marcel-le-13-juin-44

En cas de censure, comme souvent lorsque je me fais remarquer chez les militaires engoncés dans leur devoir de réserve (mon nom est devenu synonyme de "à ne pas préserver"), voici les copies écran d'une partie du forum.

oooooOooooo

revue des troupes Forces Françaises libre à la base avancée de Faiford, le 1er juin 1944 :
4ème en partant de la gauche, 1er rang, caporal FFL-SAS radio Gilbert Hénin.

Après le parachutage le 13 juin à Saint-Marcel (Morbihan) : Gilbert Hénin, Hoffmann et Quitelier :



Mon père, Gilbert Hénin, m'a raconté qu'ils avaient été traqués par des... cosaques, à cheval. C'est ainsi que j'ai appris que des "russes blancs" étaient chargés par les allemands de chercher les parachutistes en Bretagne. Loin du front russe, la confiance régnait !

Ici, ils retrouvent une résistante. Leur mission était de regrouper et armer les résistants, mais sans prendre contact avec la population civile  :

 


Je ne semble pas très doué pour l'insertion des photos, j'espère que cela a fonctionné.

Patrice Hénin

 

 

 
 

Voilà, des souvenirs transmis, de la part des radios "paratroopers" bien français :


Gilbert Hénin, coin gauche du panneau.



 
 

lundi 3 décembre 2012

La sentinelle qui attend

La sentinelle qui attend

"la vie est une belle salope", c'est tout simplement une phrase prononcée un jour par notre médecin de famille, à Montfermeil; dans les années 1963-64. Cette phrase a marqué mon esprit de moutard, peu habitué aux "gros mots" de la part d'un médecin. Mais j'avais compris qu'il en avait vu de belles, chez ses malades.
Et qu'il avouait son impuissance, face aux cruautés de la vie.

Cette phrase m'est revenue en tête lorsque j'ai pris l'habitude de rendre visite régulièrement à une mémé de 81 ans, en 1999-2001, qui était atteinte d'une sclérose latérale amyotrophique : elle était de plus en plus paralysée, chaque nerf qui ne fonctionnait plus générait une nouvelle douleur lancinante.

A chacune de mes visites, oubliant quelques instants ses souffrances, elle me racontait son enfance, à Metz, pendant l'occupation.

Comment elle passait tous les jours devant la Kommandantur, jusqu’au jour où, se trompant de trottoir, une sentinelle l'avait attrapée par le col, comme un chat attrapé par le cou, pour la projeter hors de ce trottoir interdit de passage aux français. Elle ne s'en était pas rendu compte, dans les bourrasques de neige, qu'elle était sur le mauvais trottoir.

Je jetais un œil dans la pièce, pour voir s'il n'y avait pas quelque chose à ranger, une petite vaisselle à laver, tout en l’écoutant.

Un autre jour, elle continuait à ne pas se plaindre et me parle d'une autre sentinelle, en été 1944 cette fois, devant cette même Kommandantur de Metz.

Elle ne me racontait plus ses souvenirs dans son fauteuil; mais au lit, maintenant.

Une des amies de ses parents habitait de l’autre côté de la place de la Kommandatur. Avec une petite fille. Ce jour-là, la petite se balançait sur une balançoire accrochée à une branche d'arbre.
La sentinelle voyait la petite apparaître par le portail, puis disparaître derrière un mur, puis réapparaître, puis disparaître...

La mémé, Jeannette, me demande de lui masser un pied, à cause d'une douleur soudaine.

Puis elle reprend son récit.
 Cette sentinelle avait peut-être perdue ses illusions sur la victoire de ce Reich qui devait durer 1 000 ans. Elle avait peut-être perdu une fille lors d'un bombardement en Allemagne.

En tous cas, elle était dotée d’un petit esprit, cette sentinelle de la race supérieure, qui attendait la relève. Elle pensait peut-être avec rage que cette petite fille à la balançoire de race inférieure faisait partie des futurs vainqueurs.

Dépit. Jalousie, ennui surtout.

Je ne sais pas, je pensais à tout cela tout en massant le pied de Jeannette, mais il était sûr que cette sentinelle s'ennuyait ferme, dans ses pensées noires, alors que cette petite s'amusait en riant.
Jeannette continue son récit :
- elle épaule, vise, la petite disparait, réapparaît, elle tire..

Elle crie, un peu.
J'avais massé un peu trop fort.

La balle s'était fichée dans l'arbre, la mère crie et récupère la petite pour s'engouffrer dans la maison.

Aujourd'hui, la petite a peut-être 80 ans.
La sentinelle a peut-être été tuée quelques semaines plus tard. Ou jamais, mais elle n’est certainement plus de ce monde.

La sclérose a été, elle, implacable dans son travail.
Je m'étais renseigné sur cette maladie, un médecin m'avait dit que le nouveau médicament qu'on lui avait prescrit, était donné dans les 3 derniers mois.
Le sort cruel s'est terminé comme prévu.

Mais si "la vie est une belle salope", lorsque c'est l'humain qui décide, est-ce encore la vie qui est la vraie salope ?

La sentinelle n'a pas choisi de naître en Allemagne hitlérienne.
La petite n'a pas choisie d'avoir été "ratée".
Ce n'est pas l'homme qui a inventé la sclérose latérale amyotrophique.

Ce ne sont pas les militaires qui créent les guerres, ils la font.
Ce sont bien les politiques qui créent la cruauté.
Mais si donner le jour à son bébé est aussi le condamner à mort, chacun de nous convoque une sentinelle qui attend.


Parce que dire "C'est la vie", c'est savoir que la vie est une sentinelle qui attend.