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Mai 2004 :
Un coup de fil de ma mère m'apprends l'horrible nouvelle. Je n'oublierai jamais sa voix, au téléphone. Ce n'est pas avec des mots que je pourrai restituer cette souffrance que les satellites me relaient, oh ! combien fidèlement...
Il ne suffisait pas que papa soit cardiaque, aux jours comptés, au destin tout tracé par le cardiologue militaire en 1986 : votre père a un coeur de pierre, je lui donne 10 ans au grand maximum (1996, alors ?).
Prenez l'expression "coeur de pierre" au premier degré, s'il vous plaît : son coeur était gonflé et durci comme un caillou.
Cela a été le début d'une souffrance quotidienne pour ma mère. En femme de héros, elle a combattu la maladie pourtant donnée gagnante.
Puisqu'un régime sans sel, une stricte et savante nutrition pouvaient le maintenir, alors on peut dire qu'elle a sauvé la vie de mon père, 3 fois par jour, aux heures des repas, pendant 18 ans.
Mais elle m'a parlé de leucémie aiguë, au téléphone. D'un papa hospitalisé aux Etats-Unis, dans l'hôpital de mon beau-frère texan, à Orlando, Floride.
Puis, d'autres coups de fil. La séance de chimio-thérapie a échouée, a failli tuer papa. Il tremblait comme une feuille dans son lit. Il faut se laver les mains et porter un masque avant d'entrer dans sa chambre stérile.
J'ai envoyé des messages courriels à ma sœur, pour qu'elle me dise la vérité.
Pas de réponses. J'étais sidéré. Ma sœur a toujours été "ma petite sœurette".
Pourquoi ce silence, en ce moment dramatique !
Finalement, ma mère me parle d'une décision prise par ma sœur, mon frère, Mark, le beau-frère urgentiste, et les cancérologues : papa doit aller dans un établissement à Houston, pour y subir des essais cliniques. Ses chances de survie se comptaient en semaines. Dans cet établissement, ils "essayent" des nouveaux médicaments, non homologués.
Des condamnés à mort voient leur peine commuée en perpétuité s'ils acceptent d'être cobaye. J'ai découvert tout ça dans l'Internet.
Mais l'idéal, pour ces chercheurs, c'est un vrai cancéreux, au dernier stade...
Dans un premier temps, mon père, confiant en ces enfants, et surtout ma sœur, a accepté cette histoire d'Houston, croyant qu'il allait bénéficier des derniers produits haut de gamme de la science américaine.
Mais ma mère veillait au grain. Elle m'a expliquée plus tard qu'elle était complètement ignorée des médecins, qui la traitaient avec condescendance, et refusaient de répondre à ses questions, méprisant une vieille mémé baragouinant l'anglais, donc stupide.
Ma soeur (appelons-la Luxerette) et mon frère (appelons-le L'Innommable) étaient constamment fourrés à l'hôpital, eux aussi ignorant ma mère, occupés à convaincre mon père d'aller à Houston.
J'ai fini par comprendre. Je me suis rappelé d'une phrase de Luxerette, quelques années auparavant :"maman ne survivra pas au décès de papa, elle sera trop malheureuse..."
Une phrase qui m'avait choqué, venant de sa bouche, en plus. Je l'avais répétée à ma mère, qui avait rigolé "je vais revivre, au contraire ! J'ai des copines, je vais faire des voyages, m'amuser enfin, plus de régimes, je ne serai plus une infirmière à domicile ! Mais on n'en est pas là. Il vivra jusqu'à 100 ans !".
Cette phrase aussi m'avait choquée. Mais Renée est une personne qui aime vivre, rire, découvrir. Elle en a connu, des épreuves, dans sa vie de femme d'un militaire qui s'obstinait à mettre sa vie au service de ses idéaux, de sa patrie, pour de Gaulle.
22 juin 2004.
Ma mère a fini par expliquer à Gilbert ce qu'était Houston. La grande évasion a été décidée. Mon père, un peu remis de cette saleté de chimio a décidé de prendre l'avion et de revenir en France, et ordonne à L'Innommable de vendre la villa de Deltona.
Renée revend la voiture à ses voisins américains.
Il reste un appartement de grand standing et 2 terrains, ils verront plus tard.
Et c'est le départ.
A l'aéroport, L'Innommable et Luxerette. Présents pour empêcher le départ. Les cancérologues ont traités ma mère de criminelle inconsciente.
Tiens, ils lui parlaient, maintenant : "il va mourir dans l'avion, il n'est pas transportable".
Mon père leur a répondu ce que seuls moi et ma mère pouvaient comprendre, dans la beauté et le défi de ce slogan célèbre des S.A.S. : "who dares win !"
Papa était redevenu papa, un héros qui dicte ses volontés au destin, et non pas l'inverse, aidé de sa petite femme de toujours.
A l'aéroport, Renée n'arrivait pas à se faire comprendre au guichet, pour expliquer qu'il fallait un fauteuil roulant pour papa, entre autres. Ma sœur, imperturbable, restait coi.
Ce sont des passagers français qui ont aidé ma mère.
L'Innommable guettait la moindre défaillance de papa pour mettre fin à l'embarquement, appeler la police, et ramener ses parents vers le destin qu'il leur avait choisi : crever sous leur contrôle, il y a du fric a ramasser. L'Innommable était au bord du dépôt de bilan à cette époque. Aujourd'hui encore, d'ailleurs.
J'ai envoyé un courriel à L'Innommable, un autre à Luxerette.
A L'Innommable : "papa a compris ce qu'était Houston, et vous, vous n'êtes pas capable d'admettre que papa veut mourir en France dans les bras de sa femme, si tant est qu'il doit mourir !"
A Luxerette : "que papa soit enterré aux Etats-Unis, que Renée dépérisse de chagrin, et que le partage soit fait, selon votre bon vouloir... C'est votre projet ?". Je lui rappelait les grands projets de son propre mari pour ses parents : "ils vivront chez moi, dans ma grande maison".
Et la réalité : le père texan survivant dans une maison de retraite à bas prix, et la grande maison pour eux tout seuls, Mark, Luxerette et ses deux enfants. Une chambre pour Renée, et même une pour moi ! Trois bâtiments en U, d'un étage, mais pas de place pour l'affection. Mais une salle de bain par chambre, c'est mieux, non ?
J'ai refusé de vivre sous la coupe de ma sœur, à travailler dans sa boite d'avocat, pas très florissante, d'ailleurs. C'est Mark qui renfloue régulièrement les finances. Je l'ai vu et vécu.
Non, esclave de ma sœur, pendant les heures de travail, à faire du classement dans son bureau, et baby-sitter pendant qu'ils vont au cinéma le soir, non merci, Luxerette.
Ton rêve américain n'est pas le mien.
Renée déteste les Etats-Unis, autant que moi.
Je les avait raté à l'aéroport de Roissy, parce que papa a été évacué de l'avion en premier, sur son fauteuil roulant, et tout de suite embarqué dans un taxi, pendant que j'attendais bêtement à l'arrivée habituelle des passagers.
Et c'est dans l'après-midi de leur retour que les parents m'ont expliqué ce que L'Innommable et Luxerette avaient fait, ou plutôt pas fait, à l'aéroport. Comment papa avait dit à L'Innommable de l'accompagner aux toilettes, pour laisser le champ libre à Renée et organiser l'embarquement.
Juillet 2004.
L'Innommable débarque à Paris et s'installe chez les parents pour un mois. Pour affaires à traiter en France. Dès le premier jour, il entraîne ma pauvre mère au Père-Lachaise, pour y choisir un caveau familial, décoré à la gloire de Bouygues, à l'origine de sa fortune, et à la gloire d'un certain Innommable. En précisant : " je te l'offre, le caveau, mais pas question que Patrice y soit enterré !"
Cette réflexion m'a fait marrer. Une fois mort, que l'on me foute dans une poubelle, je serai le dernier à m'en plaindre ! Que la jalousie de L'Innommable à mon égard aille au-delà de la mort, alors là, franchement, c'est un malade...
Mais j'étais en colère : le calvaire de Renée ne faisait que commencer.
L'Innommable est un manipulateur professionnel.
Règle numéro un : surtout, ne pas accorder de répit à Renée : ce n'est pas une fois qu'il l'a entraîné au Père-Lachaise, mais 3 fois de suite. Elle venait de vivre un cauchemar assez élaboré par le destin, un cauchemar haut de gamme. Ça ne suffisait pas. Jérôme a pimenté le destin.
Qu'elle comprenne bien que papa va mourir, il insistait : 7 semaines d'après les experts américains, les meilleurs au monde, bien sûr.
De retour à Paris, le 22 juin 2004, papa a eu le droit de souffler, lui. Il s'est allongé dès son arrivée sur son lit, en soupirant "ça fait du bien d'être chez soi...".
En tout les cas, impossible qu'il passe Noël. L'Innommable a dû s'arranger pour que papa l'entende, puisque c'est lui qui me l'a répété en rigolant : "je suis un PPN, passera pas Noël ! Je vivrai 100 ans, comme je l'ai toujours dit !".
Mais cela dit avec une voix... faible ? Ou au débit trop lent ? On lui avait découvert des caillots de sang dans les jambes... D'autres caillots surviendraient dans l'avenir. En juillet 2005, après avoir largement passé Noël, un tout petit, logé dans le centre de la parole du cerveau.
Et quand je voyais ma mère commencer à fuir la réalité, en s'obstinant à croire que "le régime" le sauverait... j'avais envie de pleurer devant tant d'inanité.
Non, elle n'était pas inconsciente. Mais j'avais bien compris qu'elle se raccrochait à ces histoires de régime, alors que les médecins lui disaient que ce n'était plus la peine.
Je les accompagnait pour faire les courses, porter les bouteilles d'eau.
Cela me faisait penser au courriel de Jérôme en réponse au mien.
"...tu as enfin trouvé un sens à ta vie : porter le cabas des parents... Je te ferai interner le moment venu...".
J'ai montré ce courriel à ma mère, peu après leur retour (22 juin 2004). Elle s'est tout de suite affolée : "ne montre surtout pas ça à papa, il croit que vous vous entendez bien. Ne lui retire pas ses illusions. Remballe ça ! Il déconne, ton frère, on n'interne pas les gens comme cela".
- Je ne veux plus le voir, maman. Tu me préviens quand il sera parti, salut !
Et qu'il gare sa voiture de location dans la rue,jene lui prête plus ma place de parking, il devrait aller à l'hôtel, au lieu de vous envahir avec son fils. Papa est obligé de rester à lire dans la chambre, sans la télévision.
Et il n'était pas en chambre stérile, la-bas ?
Mark Clark est mon beau-frère, texan.
Un coup de fil de ma mère m'apprends l'horrible nouvelle. Je n'oublierai jamais sa voix, au téléphone. Ce n'est pas avec des mots que je pourrai restituer cette souffrance que les satellites me relaient, oh ! combien fidèlement...
Il ne suffisait pas que papa soit cardiaque, aux jours comptés, au destin tout tracé par le cardiologue militaire en 1986 : votre père a un coeur de pierre, je lui donne 10 ans au grand maximum (1996, alors ?).
Prenez l'expression "coeur de pierre" au premier degré, s'il vous plaît : son coeur était gonflé et durci comme un caillou.
Cela a été le début d'une souffrance quotidienne pour ma mère. En femme de héros, elle a combattu la maladie pourtant donnée gagnante.
Puisqu'un régime sans sel, une stricte et savante nutrition pouvaient le maintenir, alors on peut dire qu'elle a sauvé la vie de mon père, 3 fois par jour, aux heures des repas, pendant 18 ans.
Mais elle m'a parlé de leucémie aiguë, au téléphone. D'un papa hospitalisé aux Etats-Unis, dans l'hôpital de mon beau-frère texan, à Orlando, Floride.
Puis, d'autres coups de fil. La séance de chimio-thérapie a échouée, a failli tuer papa. Il tremblait comme une feuille dans son lit. Il faut se laver les mains et porter un masque avant d'entrer dans sa chambre stérile.
J'ai envoyé des messages courriels à ma sœur, pour qu'elle me dise la vérité.
Pas de réponses. J'étais sidéré. Ma sœur a toujours été "ma petite sœurette".
Pourquoi ce silence, en ce moment dramatique !
Finalement, ma mère me parle d'une décision prise par ma sœur, mon frère, Mark, le beau-frère urgentiste, et les cancérologues : papa doit aller dans un établissement à Houston, pour y subir des essais cliniques. Ses chances de survie se comptaient en semaines. Dans cet établissement, ils "essayent" des nouveaux médicaments, non homologués.
Des condamnés à mort voient leur peine commuée en perpétuité s'ils acceptent d'être cobaye. J'ai découvert tout ça dans l'Internet.
Mais l'idéal, pour ces chercheurs, c'est un vrai cancéreux, au dernier stade...
Dans un premier temps, mon père, confiant en ces enfants, et surtout ma sœur, a accepté cette histoire d'Houston, croyant qu'il allait bénéficier des derniers produits haut de gamme de la science américaine.
Mais ma mère veillait au grain. Elle m'a expliquée plus tard qu'elle était complètement ignorée des médecins, qui la traitaient avec condescendance, et refusaient de répondre à ses questions, méprisant une vieille mémé baragouinant l'anglais, donc stupide.
Ma soeur (appelons-la Luxerette) et mon frère (appelons-le L'Innommable) étaient constamment fourrés à l'hôpital, eux aussi ignorant ma mère, occupés à convaincre mon père d'aller à Houston.
J'ai fini par comprendre. Je me suis rappelé d'une phrase de Luxerette, quelques années auparavant :"maman ne survivra pas au décès de papa, elle sera trop malheureuse..."
Une phrase qui m'avait choqué, venant de sa bouche, en plus. Je l'avais répétée à ma mère, qui avait rigolé "je vais revivre, au contraire ! J'ai des copines, je vais faire des voyages, m'amuser enfin, plus de régimes, je ne serai plus une infirmière à domicile ! Mais on n'en est pas là. Il vivra jusqu'à 100 ans !".
Cette phrase aussi m'avait choquée. Mais Renée est une personne qui aime vivre, rire, découvrir. Elle en a connu, des épreuves, dans sa vie de femme d'un militaire qui s'obstinait à mettre sa vie au service de ses idéaux, de sa patrie, pour de Gaulle.
22 juin 2004.
Ma mère a fini par expliquer à Gilbert ce qu'était Houston. La grande évasion a été décidée. Mon père, un peu remis de cette saleté de chimio a décidé de prendre l'avion et de revenir en France, et ordonne à L'Innommable de vendre la villa de Deltona.
Renée revend la voiture à ses voisins américains.
Il reste un appartement de grand standing et 2 terrains, ils verront plus tard.
Et c'est le départ.
A l'aéroport, L'Innommable et Luxerette. Présents pour empêcher le départ. Les cancérologues ont traités ma mère de criminelle inconsciente.
Tiens, ils lui parlaient, maintenant : "il va mourir dans l'avion, il n'est pas transportable".
Mon père leur a répondu ce que seuls moi et ma mère pouvaient comprendre, dans la beauté et le défi de ce slogan célèbre des S.A.S. : "who dares win !"
Papa était redevenu papa, un héros qui dicte ses volontés au destin, et non pas l'inverse, aidé de sa petite femme de toujours.
A l'aéroport, Renée n'arrivait pas à se faire comprendre au guichet, pour expliquer qu'il fallait un fauteuil roulant pour papa, entre autres. Ma sœur, imperturbable, restait coi.
Ce sont des passagers français qui ont aidé ma mère.
L'Innommable guettait la moindre défaillance de papa pour mettre fin à l'embarquement, appeler la police, et ramener ses parents vers le destin qu'il leur avait choisi : crever sous leur contrôle, il y a du fric a ramasser. L'Innommable était au bord du dépôt de bilan à cette époque. Aujourd'hui encore, d'ailleurs.
J'ai envoyé un courriel à L'Innommable, un autre à Luxerette.
A L'Innommable : "papa a compris ce qu'était Houston, et vous, vous n'êtes pas capable d'admettre que papa veut mourir en France dans les bras de sa femme, si tant est qu'il doit mourir !"
A Luxerette : "que papa soit enterré aux Etats-Unis, que Renée dépérisse de chagrin, et que le partage soit fait, selon votre bon vouloir... C'est votre projet ?". Je lui rappelait les grands projets de son propre mari pour ses parents : "ils vivront chez moi, dans ma grande maison".
Et la réalité : le père texan survivant dans une maison de retraite à bas prix, et la grande maison pour eux tout seuls, Mark, Luxerette et ses deux enfants. Une chambre pour Renée, et même une pour moi ! Trois bâtiments en U, d'un étage, mais pas de place pour l'affection. Mais une salle de bain par chambre, c'est mieux, non ?
J'ai refusé de vivre sous la coupe de ma sœur, à travailler dans sa boite d'avocat, pas très florissante, d'ailleurs. C'est Mark qui renfloue régulièrement les finances. Je l'ai vu et vécu.
Non, esclave de ma sœur, pendant les heures de travail, à faire du classement dans son bureau, et baby-sitter pendant qu'ils vont au cinéma le soir, non merci, Luxerette.
Ton rêve américain n'est pas le mien.
Renée déteste les Etats-Unis, autant que moi.
Je les avait raté à l'aéroport de Roissy, parce que papa a été évacué de l'avion en premier, sur son fauteuil roulant, et tout de suite embarqué dans un taxi, pendant que j'attendais bêtement à l'arrivée habituelle des passagers.
Et c'est dans l'après-midi de leur retour que les parents m'ont expliqué ce que L'Innommable et Luxerette avaient fait, ou plutôt pas fait, à l'aéroport. Comment papa avait dit à L'Innommable de l'accompagner aux toilettes, pour laisser le champ libre à Renée et organiser l'embarquement.
Juillet 2004.
L'Innommable débarque à Paris et s'installe chez les parents pour un mois. Pour affaires à traiter en France. Dès le premier jour, il entraîne ma pauvre mère au Père-Lachaise, pour y choisir un caveau familial, décoré à la gloire de Bouygues, à l'origine de sa fortune, et à la gloire d'un certain Innommable. En précisant : " je te l'offre, le caveau, mais pas question que Patrice y soit enterré !"
Cette réflexion m'a fait marrer. Une fois mort, que l'on me foute dans une poubelle, je serai le dernier à m'en plaindre ! Que la jalousie de L'Innommable à mon égard aille au-delà de la mort, alors là, franchement, c'est un malade...
Mais j'étais en colère : le calvaire de Renée ne faisait que commencer.
L'Innommable est un manipulateur professionnel.
Règle numéro un : surtout, ne pas accorder de répit à Renée : ce n'est pas une fois qu'il l'a entraîné au Père-Lachaise, mais 3 fois de suite. Elle venait de vivre un cauchemar assez élaboré par le destin, un cauchemar haut de gamme. Ça ne suffisait pas. Jérôme a pimenté le destin.
Qu'elle comprenne bien que papa va mourir, il insistait : 7 semaines d'après les experts américains, les meilleurs au monde, bien sûr.
De retour à Paris, le 22 juin 2004, papa a eu le droit de souffler, lui. Il s'est allongé dès son arrivée sur son lit, en soupirant "ça fait du bien d'être chez soi...".
En tout les cas, impossible qu'il passe Noël. L'Innommable a dû s'arranger pour que papa l'entende, puisque c'est lui qui me l'a répété en rigolant : "je suis un PPN, passera pas Noël ! Je vivrai 100 ans, comme je l'ai toujours dit !".
Mais cela dit avec une voix... faible ? Ou au débit trop lent ? On lui avait découvert des caillots de sang dans les jambes... D'autres caillots surviendraient dans l'avenir. En juillet 2005, après avoir largement passé Noël, un tout petit, logé dans le centre de la parole du cerveau.
Et quand je voyais ma mère commencer à fuir la réalité, en s'obstinant à croire que "le régime" le sauverait... j'avais envie de pleurer devant tant d'inanité.
Non, elle n'était pas inconsciente. Mais j'avais bien compris qu'elle se raccrochait à ces histoires de régime, alors que les médecins lui disaient que ce n'était plus la peine.
Je les accompagnait pour faire les courses, porter les bouteilles d'eau.
Cela me faisait penser au courriel de Jérôme en réponse au mien.
"...tu as enfin trouvé un sens à ta vie : porter le cabas des parents... Je te ferai interner le moment venu...".
J'ai montré ce courriel à ma mère, peu après leur retour (22 juin 2004). Elle s'est tout de suite affolée : "ne montre surtout pas ça à papa, il croit que vous vous entendez bien. Ne lui retire pas ses illusions. Remballe ça ! Il déconne, ton frère, on n'interne pas les gens comme cela".
- Je ne veux plus le voir, maman. Tu me préviens quand il sera parti, salut !
Et qu'il gare sa voiture de location dans la rue,jene lui prête plus ma place de parking, il devrait aller à l'hôtel, au lieu de vous envahir avec son fils. Papa est obligé de rester à lire dans la chambre, sans la télévision.
Et il n'était pas en chambre stérile, la-bas ?
De Who dares wins (qui ose gagne) |
Mark Clark est mon beau-frère, texan.
Très bon style ! Continue ! Quant à l'histoire, c'est réellement le problème des riches avec leur propre famille.
RépondreSupprimerFais-en un bouquin Patrice, tu as un style bien à toi. Une fois le bouquin édité (ce dont je ne doute guère), tu seras plus difficilement "internable", car il sera la preuve non seulement de ta santé mentale mais aussi de l'acharnement dont tu es victime, bon courage Patrice, amicalement.
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