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vendredi 2 juin 2006

2004 Modem furtif

Ce livre électronique inachevé est en vente 3,99€ chez Lulu.com : http://www.lulu.com/product/ebook/phenix/18497384

0002 Modem furtif

- Dis, Patrice, c'est quoi un modem ?
- Oh ! Voyons, P'pa, tu le sais très bien, je te l'ai déjà expliqué. C'est un appareil pour recevoir l'Internet.
- et un filtre ?
- Hein ? Le filtre, c'est une prise gigogne, que tu branches sur la prise téléphonique. Il sépare le signal Internet de celui de la ligne téléphonique. Tu branches le modem sur cette prise, et l'ordinateur sur le modem. Et voilà !
Tu découvres l'univers de l'Internet, tu commence à visiter le Louvres sans toucher à rien, virtuellement, tu t'engouffres dans tous les magasins virtuels de portails en fenêtres, avec ta carte bancaire actuelle, tu achète ton billet d'avion au meilleur prix, mais sans bouger de chez toi, dans des agences de voyage virtuelles, tu reçois les nouvelles par courriel grâce aux journaux virtuels, il y en a même qui te dessinent un chien plein de pixels pour te les apporter, tu payes tes impôts par Internet, pas du tout virtuellement...

- euh... Je NE VEUX PAS de l'Internet !
C'était en octobre 2004. Aujourd'hui, en 2009, j'aurais ajouté une petite plaisanterie, puisque mon père était féru d'histoire et fin politologue.
J'aurais évoqué une autre sorte de MoDem, un appareil de parti qui module et démodule sa communication, en fonction du courant électoral qui passe le mieux. Mais pas ce que l'on fait de mieux pour interpréter les données asynchrones.

- Mais au fait, je ne t'ai jamais parlé de filtre, comment t'es au courant pour ce petit bitoniau ?
- voilà : ton frère a téléphoné à France Télécom pour installer l'Internet chez moi, quand il est passé en juillet dernier. Pour ses affaires très importantes, tu sais bien, il en avait absolument besoin. Je ne voulais pas, mais il m'a garanti que cela ne me coûterait rien du tout, si je rendais le modem début octobre. L'Internet à l'essai gratuit pendant 3 mois. Tiens lis ça :
De Who dares wins (qui ose gagne)





- écoute, j'y comprends rien. Il a bien été installé, ce modem, puisque tu l'as rendu !
Et ils n'ont pas compris non plus pourquoi tu as rendu le modem, puisqu'ils le remettent à ta disposition à l'agence France Télécom ! Tu devrais garder l'Internet, pour 30€ / mois, c'est devenu aussi indispensable que le téléphone. Et encore, j'exagère, ce n'est que 29,90€ par mois.
Même plus important, par téléphone on ne fait plus rien, c'est appuyez sur 1 pour augmenter le montant de votre facture, sur 2 pour ajouter des options à votre contrat, sur 3 pour changer de musique d'attente, sur 4 pour apprendre qu'aucun conseiller ne sera disponible avant que vous n'ayez appuyé sur 1 ou 2...
- je ne VEUX PAS de l'Internet !
[Flashback. En un millième de seconde. Montfermeil, 1964 : "je ne VEUX PAS de la télé chez moi !". Retour en 2004.]
- alors pourquoi tu l'as commandé ?
- je te dis que c'est TON frère qui l'a fait installer ! (de plus en plus énervé).
- tu ne lui as pas dis que tu n'en voulait pas ?
- il m'a dit que je n'avais rien à payer, je viens de te le dire ! Qu'il en avait absolument besoin, et qu'il fallait rendre le modem début octobre, je te dis ! (maintenant il m'engueule !)
- bon, je vais passer à l'agence, je crois que j'ai compris.

Je passe à l'agence FT avec les documents, et je constate que l'Innommable avait bien souscrit en juillet un contrat Internet à son nom, avec le numéro de téléphone des parents, 29,90€/mois, non résiliable pendant un an ! Effectivement, les deux premiers mois (et non 3 mois) étaient gratuits.

Je demande quel compte est débité, l'employé refuse, par "confidentialité".
Mais je distingue sur son écran le numéro de compte de mes parents à la BNP, que je reconnais, parce que plein de 0 et de 1.
Je fais remarquer à cet employé un peu trop zélé que connaître le compte d'une personne n'est pas confidentiel, cela permet de verser de l'argent dessus, pas d'en retirer, ce n'est pas un numéro de carte bancaire.
En revanche, je lui fait remarquer qu'accepter un contrat par téléphone sans vérifier si le donneur d'ordre est bien le titulaire du compte, cela ne plaît pas beaucoup aux titulaires, ni aux banques, en général.

L'employé, agacé, me répond qu'il n'est pas possible d'annuler le contrat non résiliable : "vous seriez obligé de payer les 10 mois d'un coup, de toute façon".

Toujours aussi efficace, l'Innommable ! Il squatte un mois dans le deux pièces d'un grand malade, avec son fils, se fait installer l'Internet sur le compte de ses parents, deux mois sans prélèvements, ni vu ni connu, il se sert de leur téléphone sans arrêt, puis laisse les vieux se débrouiller pour tout nettoyer, souffler un peu, et redresser leurs comptes après son départ.
J'explique à mon père ce qu'il en est côté France Télécom.
- on va te prélever 29,90€ par mois pendant 10 mois. Jérôme a souscrit un abonnement. T'as qu'à le garder. Il est gonflé, ce mec ! Comment il a eu ton numéro de compte ?
A ce moment, ma mère intervient :
- c'est moi qui lui ai donné le RIB. Il l'a réclamé en m'engueulant, parce qu'il était au téléphone !
- on te demande ton RIB, et tu...
- oh ! Mais il a son business, commence pas à critiquer, comme d'habitude ! (elle m'engueule !)
- bon, douce maman, j'ai un coup de fil à donner à Surcouf...
- quoi !? Tu téléphones pas de chez moi, non mais dis donc ! T'as pas le téléphone chez toi ?
- chez moi, je pourrai pas te demander ton RIB, va me le chercher, magne-toi, il me faut un ordinateur portable, vite, va chercher, va, rapporte !
Elle comprend la plaisanterie, se calme.
Mon père téléphone à sa banque, puis à son conseiller juridique. Ennuyeux de faire annuler ces prélèvements sans porter plainte ni passer pour un con.

Je compatissais, sous cape.
Je croyais que mon petit frère ne pouvait plus m'étonner dans le domaine de l'ignoble, mais ce n'était pas fini.

- tu ne m'as pas dit que l'Innommable a acheté sa villa cash, 1 825 000$, sans crédit, en juillet justement, sans revendre sa maison ? Et il n'a pas les moyens de payer 30€ par mois ? D'aller dans un cybercafé ? Il n'y a pas de petits profits !
- tiens, il est doué mon juriste. Tape cette lettre avec ton ordinateur, la banque va bloquer les prélèvements :



En tous les cas, ce que je n'avais pas du tout compris à cette époque, c'est que l'Innommable testait son pouvoir sur ma mère. Donne ton RIB, ça marche. Dans son esprit, le père était déjà mort, question de semaines, sept, claironnait-il.


Avant Noël.
Il venait de vérifier qu'il pouvait se servir dans le patrimoine.
Et que j'étais un obstacle.

Il fallait bien que j'explique cet esprit plutôt rare, question abjection. Je suis bien obligé de "diffamer", parce que je vais très bientôt publier la déposition de ma douce maman au commissariat, contre moi. Et essayer de faire comprendre qu'elle fait n'importe quoi en présence de l'Innommable.
C'est du style : "viens au commissariat porter plainte, viiiite, j'ai pas que ça à faire, tu te magnes ..."
C'est bien en juillet 2004 qu'il avait acheté sa maison et réclamé un RIB :






jeudi 1 juin 2006

2004 Leucémie aiguë, avec complications

Ce livre électronique inachevé est en vente 3,99€ chez Lulu.com : http://www.lulu.com/product/ebook/phenix/18497384

Mai 2004 :

Un coup de fil de ma mère m'apprends l'horrible nouvelle. Je n'oublierai jamais sa voix, au téléphone. Ce n'est pas avec des mots que je pourrai restituer cette souffrance que les satellites me relaient, oh ! combien fidèlement...

Il ne suffisait pas que papa soit cardiaque, aux jours comptés, au destin tout tracé par le cardiologue militaire en 1986 : votre père a un coeur de pierre, je lui donne 10 ans au grand maximum (1996, alors ?).

Prenez l'expression "coeur de pierre" au premier degré, s'il vous plaît : son coeur était gonflé et durci comme un caillou.
Cela a été le début d'une souffrance quotidienne pour ma mère. En femme de héros, elle a combattu la maladie pourtant donnée gagnante.

Puisqu'un régime sans sel, une stricte et savante nutrition pouvaient le maintenir, alors on peut dire qu'elle a sauvé la vie de mon père, 3 fois par jour, aux heures des repas, pendant 18 ans.

Mais elle m'a parlé de leucémie aiguë, au téléphone. D'un papa hospitalisé aux Etats-Unis, dans l'hôpital de mon beau-frère texan, à Orlando, Floride.
Puis, d'autres coups de fil. La séance de chimio-thérapie a échouée, a failli tuer papa. Il tremblait comme une feuille dans son lit. Il faut se laver les mains et porter un masque avant d'entrer dans sa chambre stérile.

J'ai envoyé des messages courriels à ma sœur, pour qu'elle me dise la vérité.
Pas de réponses. J'étais sidéré. Ma sœur a toujours été "ma petite sœurette".
Pourquoi ce silence, en ce moment dramatique !

Finalement, ma mère me parle d'une décision prise par ma sœur, mon frère, Mark, le beau-frère urgentiste, et les cancérologues : papa doit aller dans un établissement à Houston, pour y subir des essais cliniques. Ses chances de survie se comptaient en semaines. Dans cet établissement, ils "essayent" des nouveaux médicaments, non homologués.
Des condamnés à mort voient leur peine commuée en perpétuité s'ils acceptent d'être cobaye. J'ai découvert tout ça dans l'Internet.

Mais l'idéal, pour ces chercheurs, c'est un vrai cancéreux, au dernier stade...

Dans un premier temps, mon père, confiant en ces enfants, et surtout ma sœur, a accepté cette histoire d'Houston, croyant qu'il allait bénéficier des derniers produits haut de gamme de la science américaine.

Mais ma mère veillait au grain. Elle m'a expliquée plus tard qu'elle était complètement ignorée des médecins, qui la traitaient avec condescendance, et refusaient de répondre à ses questions, méprisant une vieille mémé baragouinant l'anglais, donc stupide.
Ma soeur (appelons-la Luxerette) et mon frère (appelons-le L'Innommable) étaient constamment fourrés à l'hôpital, eux aussi ignorant ma mère, occupés à convaincre mon père d'aller à Houston.

J'ai fini par comprendre. Je me suis rappelé d'une phrase de Luxerette, quelques années auparavant :"maman ne survivra pas au décès de papa, elle sera trop malheureuse..."
Une phrase qui m'avait choqué, venant de sa bouche, en plus. Je l'avais répétée à ma mère, qui avait rigolé "je vais revivre, au contraire ! J'ai des copines, je vais faire des voyages, m'amuser enfin, plus de régimes, je ne serai plus une infirmière à domicile ! Mais on n'en est pas là. Il vivra jusqu'à 100 ans !".

Cette phrase aussi m'avait choquée. Mais Renée est une personne qui aime vivre, rire, découvrir. Elle en a connu, des épreuves, dans sa vie de femme d'un militaire qui s'obstinait à mettre sa vie au service de ses idéaux, de sa patrie, pour de Gaulle.

22 juin 2004.

Ma mère a fini par expliquer à Gilbert ce qu'était Houston. La grande évasion a été décidée. Mon père, un peu remis de cette saleté de chimio a décidé de prendre l'avion et de revenir en France, et ordonne à L'Innommable de vendre la villa de Deltona.
Renée revend la voiture à ses voisins américains.
Il reste un appartement de grand standing et 2 terrains, ils verront plus tard.
Et c'est le départ.

A l'aéroport, L'Innommable et Luxerette. Présents pour empêcher le départ. Les cancérologues ont traités ma mère de criminelle inconsciente.
Tiens, ils lui parlaient, maintenant : "il va mourir dans l'avion, il n'est pas transportable".

Mon père leur a répondu ce que seuls moi et ma mère pouvaient comprendre, dans la beauté et le défi de ce slogan célèbre des S.A.S. : "who dares win !"
Papa était redevenu papa, un héros qui dicte ses volontés au destin, et non pas l'inverse, aidé de sa petite femme de toujours.

A l'aéroport, Renée n'arrivait pas à se faire comprendre au guichet, pour expliquer qu'il fallait un fauteuil roulant pour papa, entre autres. Ma sœur, imperturbable, restait coi.
Ce sont des passagers français qui ont aidé ma mère.
L'Innommable guettait la moindre défaillance de papa pour mettre fin à l'embarquement, appeler la police, et ramener ses parents vers le destin qu'il leur avait choisi : crever sous leur contrôle, il y a du fric a ramasser. L'Innommable était au bord du dépôt de bilan à cette époque. Aujourd'hui encore, d'ailleurs.

J'ai envoyé un courriel à L'Innommable, un autre à Luxerette.
A L'Innommable : "papa a compris ce qu'était Houston, et vous, vous n'êtes pas capable d'admettre que papa veut mourir en France dans les bras de sa femme, si tant est qu'il doit mourir !"
A Luxerette : "que papa soit enterré aux Etats-Unis, que Renée dépérisse de chagrin, et que le partage soit fait, selon votre bon vouloir... C'est votre projet ?". Je lui rappelait les grands projets de son propre mari pour ses parents : "ils vivront chez moi, dans ma grande maison".
Et la réalité : le père texan survivant dans une maison de retraite à bas prix, et la grande maison pour eux tout seuls, Mark, Luxerette et ses deux enfants. Une chambre pour Renée, et même une pour moi ! Trois bâtiments en U, d'un étage, mais pas de place pour l'affection. Mais une salle de bain par chambre, c'est mieux, non ?

J'ai refusé de vivre sous la coupe de ma sœur, à travailler dans sa boite d'avocat, pas très florissante, d'ailleurs. C'est Mark qui renfloue régulièrement les finances. Je l'ai vu et vécu.
Non, esclave de ma sœur, pendant les heures de travail, à faire du classement dans son bureau, et baby-sitter pendant qu'ils vont au cinéma le soir, non merci, Luxerette.
Ton rêve américain n'est pas le mien.

Renée déteste les Etats-Unis, autant que moi.
Je les avait raté à l'aéroport de Roissy, parce que papa a été évacué de l'avion en premier, sur son fauteuil roulant, et tout de suite embarqué dans un taxi, pendant que j'attendais bêtement à l'arrivée habituelle des passagers.

Et c'est dans l'après-midi de leur retour que les parents m'ont expliqué ce que L'Innommable et Luxerette avaient fait, ou plutôt pas fait, à l'aéroport. Comment papa avait dit à L'Innommable de l'accompagner aux toilettes, pour laisser le champ libre à Renée et organiser l'embarquement.

Juillet 2004.

L'Innommable débarque à Paris et s'installe chez les parents pour un mois. Pour affaires à traiter en France. Dès le premier jour, il entraîne ma pauvre mère au Père-Lachaise, pour y choisir un caveau familial, décoré à la gloire de Bouygues, à l'origine de sa fortune, et à la gloire d'un certain Innommable. En précisant : " je te l'offre, le caveau, mais pas question que Patrice y soit enterré !"

Cette réflexion m'a fait marrer. Une fois mort, que l'on me foute dans une poubelle, je serai le dernier à m'en plaindre ! Que la jalousie de L'Innommable à mon égard aille au-delà de la mort, alors là, franchement, c'est un malade...

Mais j'étais en colère : le calvaire de Renée ne faisait que commencer.
L'Innommable est un manipulateur professionnel.
Règle numéro un : surtout, ne pas accorder de répit à Renée : ce n'est pas une fois qu'il l'a entraîné au Père-Lachaise, mais 3 fois de suite. Elle venait de vivre un cauchemar assez élaboré par le destin, un cauchemar haut de gamme. Ça ne suffisait pas. Jérôme a pimenté le destin.
Qu'elle comprenne bien que papa va mourir, il insistait : 7 semaines d'après les experts américains, les meilleurs au monde, bien sûr.

De retour à Paris, le 22 juin 2004, papa a eu le droit de souffler, lui. Il s'est allongé dès son arrivée sur son lit, en soupirant "ça fait du bien d'être chez soi...".

En tout les cas, impossible qu'il passe Noël. L'Innommable a dû s'arranger pour que papa l'entende, puisque c'est lui qui me l'a répété en rigolant : "je suis un PPN, passera pas Noël ! Je vivrai 100 ans, comme je l'ai toujours dit !".

Mais cela dit avec une voix... faible ? Ou au débit trop lent ? On lui avait découvert des caillots de sang dans les jambes... D'autres caillots surviendraient dans l'avenir. En juillet 2005, après avoir largement passé Noël, un tout petit, logé dans le centre de la parole du cerveau.

Et quand je voyais ma mère commencer à fuir la réalité, en s'obstinant à croire que "le régime" le sauverait... j'avais envie de pleurer devant tant d'inanité.
Non, elle n'était pas inconsciente. Mais j'avais bien compris qu'elle se raccrochait à ces histoires de régime, alors que les médecins lui disaient que ce n'était plus la peine.
Je les accompagnait pour faire les courses, porter les bouteilles d'eau.

Cela me faisait penser au courriel de Jérôme en réponse au mien.
"...tu as enfin trouvé un sens à ta vie : porter le cabas des parents... Je te ferai interner le moment venu...".

J'ai montré ce courriel à ma mère, peu après leur retour (22 juin 2004). Elle s'est tout de suite affolée : "ne montre surtout pas ça à papa, il croit que vous vous entendez bien. Ne lui retire pas ses illusions. Remballe ça ! Il déconne, ton frère, on n'interne pas les gens comme cela".

- Je ne veux plus le voir, maman. Tu me préviens quand il sera parti, salut !
Et qu'il gare sa voiture de location dans la rue,jene lui prête plus ma place de parking, il devrait aller à l'hôtel, au lieu de vous envahir avec son fils. Papa est obligé de rester à lire dans la chambre, sans la télévision.

Et il n'était pas en chambre stérile, la-bas ?


De Who dares wins (qui ose gagne)

Mark Clark est mon beau-frère, texan.