lundi 16 avril 2007

015 Avocat plein de ressources pour victime sans ressources

0016 Un avocat plein de ressources pour victime sans ressources

Donc, il me fallait trouver un avocat, un vrai, capable de dire que c'est le blessé qui est la victime, et bien le millionnaire indemne l'agresseur. En 2 jours, sans argent.

Le fait d'être victime et innocent ne suffit pas. Il faut payer quelqu'un, suffisamment cher pour que ce soit crédible.

Au cours de mes visites chez ma mère, je lui avait raconté l'esbroufe du commis choisi d'office, son goût pour poser un lapin en me donnant rendez-vous le jour de l'ascension (17 mai 2007) :

- il m'a donné un autre rendez-vous, demain à 18h. La veille du procès. Je n'irai pas, il passerait une nuit blanche à étudier le dossier. Il prétend pouvoir faire reporter le procès. Je n'irai même pas à son rendez-vous. C'est au métro Château-Rouge. Je le verrai à l'audience pour lui dire de se taire et de me laisser parler. Et puis, cette station de métro, Château-Rouge, je la connais ! Elle est unique à Paris !
- ??
- il est impossible d'en sortir ! Tu entres dans n'importe quelle station de métro dans Paris, confiant, pour sortir à Château-Rouge. Mais une fois arrivé, impossible de sortir ! Les gens du coin entrent par les portes automatiques de sortie, en file ininterrompues pour qu'elles ne se referment pas. Et puis, les escaliers du métro commencent à me poser des problèmes, je suis hors d'haleine.
Ma mère n'arrêtait pas de me répéter depuis quelques jours de prendre un avocat : "prends le mien, d'avocat, il te connaît. Je l'ai eu au téléphone cette semaine", le tout servi d'un ton dramatique, vu l'urgence.
- tu me le payes ? C'est mille ou mille deux cents euros... (alors là, lui parler d'argent à débourser pour rien, simplement pour sauver ma tête des affres d'un traitement pharmaco-psychiatrique destiné à me réduire à l'état de légume bien-heureux avec son nom en pendentif... libéré de mes envies de meurtre...)
- Ah ! Tu te débrouilleras ! Mais téléphone-lui, il te faut un avocat, vite !
- il faut du fric, ça leur donne le sens de la justice...
- écoute, téléphone lui de ma part, ce soir ! Tu me le promets ?! Je l'ai déjà appelé.
Aussitôt dit, aussitôt rentré chez moi ! Nous sommes le lundi 21 mai 2007, de retour chez moi, soit 10 minutes après l'injonction de ma mère, j'avais Me Philippe Miro au téléphone. Un bon point, pas de filtrage.
- je n'ai pas du tout confiance en cet avocat, Me Augustin Kemadjou, il prétends pouvoir faire reporter l'audience la veille au soir.
- c'est impossible, il vous faut un certificat médical, pas d'autre solution.
- génial ! Je vais justement voir mon médecin demain, je ne sais pas si c'est une conséquence de ce procès, mais j'ai la courante ! je n'ose plus sortir, ça me prends sans prévenir. Ca doit être le stress !
Je pourrai scanner l'arrêt maladie et vous l'envoyer par courriel. Votre adresse courriel ?

- OK, vous m'envoyez ça demain. C'est quelle chambre ?
- la 16ème chambre correctionnelle, mercredi 23 à 9h. Ma mère est d'accord pour vous payer. Vous verrez ça avec elle.
Puis je prends rendez-vous avec le médecin pour le lendemain à 16h30.
Après avoir passé la fin d'après-midi chez le toubib, il était trop tard pour téléphoner à Me Miro.
Je lui envoie le certificat par courriel, comme prévu, heureux d'avoir de quoi soulager cette courante.
Je me posais des questions. Pas sur l'avocat, mais sur ma mère qui ne m'avait pas dit clairement qu'elle le paierai.
De peur que l'avocat ne vienne pas, je décide d'aller à l'audience porter moi-même le certificat médical. Une occasion de rencontrer Me Miro et faire sa connaissance, faire le point.
Ou de ne pas le rencontrer, et donc de savoir à qui j'ai affaire.
Ou de rencontrer Me Kemadjou ET Me Miro, et de découvrir lequel arrivera à convaincre l'autre de son incompétence totale et de son désir d'ignorer ce dossier en béton bouygueux.
23 mai 2007. Le procès.
8h30. Une longue queue de touristes pour visiter la Sainte-Chapelle, une deuxième queue aussi longue pour aller se faire condamner. Les deux avec entrée gratuite.
9h. Presque personne devant cette belle et immense porte (fermée, le débutant culotté que je suis a vérifié) qui conduit en principe à une porte de prison, à moins d'être riche et de payer suffisamment pour entretenir tout ce petit monde en robes noires.
9h10. Toujours pas de Me Miro. La dernière fois que je l'avais rencontré, avec mes parents, c'était en 1996 ! Ceux qui étaient déjà là commençaient à être de plus en plus nombreux, et je craignais que la porte ne s'ouvre pour commencer les mises en boîtes, ou fourgons cellulaires.
9h12. Je me décide à trouver le secrétariat de cette chambre pour remettre le certificat et partir.
Je me renseigne, un flic étonné m'indique la bonne porte, discrète, celle-là. J'apprends au passage que le secrétariat s'appelle "greffe". Je frappe, j'entre, et comme souvent, je surprends :

- je suis Patrice Hénin, convoqué à 9h, voici un certificat médical qui explique que je ne devrais pas être là !
- ?? Hénin. Ah, oui...
- vous savez où sont les toilettes, au cas où...
- vous pouvez attendre un moment ? On vous fait passer en premier. C'est que... ça coûte des sous...
- quoi, des sous ? Je crois que je peux attendre, c'est peut-être les médicaments qui commencent à agir, mais je dois rentrer chez moi.
- on passe un mot à la présidente, vous passez en premier. Où est votre avocat ?
- vous devez le savoir, Me Kemadjou...
- allez-y, c'est ouvert.
Je retourne devant l'entrée, sans oublier de me faire expliquer où étaient les toilettes, j'obtiens la description plutôt malaisée à comprendre d'un labyrinthe avec sortie vers lieux d'aisance, sûrement impossible à trouver.
Devant la porte de cette 16ème chambre (correctionnelle, rien que ça), beaucoup de monde, les uns en noir, les autres aux idées noires, mais toujours fermée.
J'aperçois Me Miro !
7 ans de plus, l'air pas très réveillé, cherchant un visage qu'il n'a pas vu depuis 7 ans. Il semble se reconnaître et me reconnaître dans cette démarche.
Heureux de constater qu'il est de confiance, je lui explique avec excuses que n'ayant pas reçu d'accusé de réception de sa part, j'ai donné le certificat au greffe, qui a insisté pour que je reste, pour je ne sais quelle raison. On passe en premier...

- vous n'avez pas beaucoup confiance dans les avocats !
- non.
9h25. L'immense porte s'ouvre jusqu'au ciel. Enthousiastes, les enrobés et leurs malfrats entrent et s'installent.
La juge, haut perchée, appelle mon affaire en premier. Me Miro se présente, en se frottant les yeux. Je culpabilisais (comme il se doit), de l'avoir entraîné dans cette sombre affaire à une heure si matinale.
Il écoute la juge, qui prononce le renvoi "contradictoire", en précisant qu'il n'y aura donc (?) pas de convocation écrite, avec jugement par défaut en cas d'absence, puisqu'il s'agit d'un renvoi CONTRADICTOIRE.
Je m'étais installé sur un banc (d'accusé ou de robeux, c'est kif-kif), mais je me suis levé, avancé et présenté, pour pouvoir entendre.

- ah ! Vous êtes là ?!
- oui, mais je dois partir immédiatement, je suis malade...
Miro s'énerve et me dit de me taire :
- vous avez fait appel à moi, c'est moi qui parle à la juge !

- bon...
Puis il remercie la juge et s'éloigne vers la sortie. Pourtant, la juge continue de parler :
- vous serez convoqué pour un examen psychiatrique avant le renvoi au 7 septembre. Je signale à l'avocat de L'Innommable, Me N., que Me Miro défend M. Hénin Patrice...
J'ai entendu le 7, il fallait entendre le 5 ! Je n'avais pas envie de sourire, voilà, ce "je te ferai interner le moment venu" se vérifie dans les décisions judiciaires ! Une expertise psychiatrique décidée à l'avance, sans procès et sans entendre la moindre parole d'avocat. Que des baillements.
Pourtant je souris en voyant Me Miro revenir se poster à la barre, en pensant fortement "heureusement que je suis là, finalement, pour écouter à défaut de parler".

Puis nous sortons, laissant le ridicule de cette justice aux méchants prévenus suivants.
- vous trouvez ça normal de décider d'un examen psy alors qu'il n'y a pas eu d'audience ?
- vous aviez quand même un taser, vous menaciez tout le monde...
- je n'ai jamais vu de taser de ma vie. Un taser c'est pour les flics américains, pour tirer à distance. La matraque, il faut toucher l'agresseur qui vous saute dessus. J'avais une matraque électrique que j'ai été obligé de sortir de ma poche sans m'en servir. Alors il m'a frappé avec un vélo qui traînait, sans la matraque, un Stun Gun si vous préférez, il m'aurait tout simplement cassé la gueule. Et interdire à ma mère de me voir ! Il est fou de haine, mon frère. C'est un malade. Tellement que les juges vont finir par s'apercevoir que c'est lui qu'il faut soigner. Je rentre chez moi, ma mère vous appellera pour les honoraires.
- c'est votre mère qui vous paye l'avocat, en plus !
- elle ne vous a rien dit ? Bon, cela fait quand même 4 mois pour préparer la défense, ou plutôt la contre-attaque. Tout est bidon dans cette affaire, c'est une machination de mon frère pour me faire interner, c'est fou. Mais ça ne tient pas debout. Il y a même un témoin qui raconte des conneries, d'après ce que m'a lu la médiatrice, Mme Guyot. La médiatrice m'a lu un témoignage qui est pure fiction ! Bon, à bientôt Maître. Et merci d'être venu. On se téléphone pour un rendez-vous !
- au revoir, M. Hénin.

J'ai oublié de lui demander pourquoi l'avocat de mon ex-directeur général bouygueux, Me N, ne s'était pas dérangé. Savait-il que l'audience serait reportée, que je sois présent ou pas ? Il aurait dû être là pour représenter mon cher frère. Bizarre.
Et Me Kemadjou a brillé par son absence.

Enfin, j'ai un avocat qui travaille pendant les jours ouvrables, de confiance, mais je ne comprenais pas ce "... votre mère...vous paye l'avocat, en plus !"


A suivre...

1 commentaire:

  1. Collectif R.E.C. le 21/09/2008 à 16h261 août 2009 à 00:18

    Salut Patrice,
    Félicitations, tes écris sont dignes du journal de Tintin !
    Le titre serait du genre "humour noir pour le casse ton frère !"
    J'ai vraiment l'impression devoir Tintin courrir dans les couloirs de l'hôpital avec les bandes de soin flottantes telle une momie qui se barre !
    Continue est surtout envois vite tout cela à plusieurs maisons d'éditions, cela devrait faire un carton, on sent bien que c'est du vécu, malheureusement !
    Courage, fuyons !

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